confrontation entre pensée réductionniste et pensée du complexe 8) les risques en radiothérapie: Poster un commentaire 

Deux articles parus dans la revue de radioprotection montrent les limites d'une méthode analytique pour analyser les risques d’un système sociotechnique complexe et propose une méthode basée sur la caractérisation de la complexité des situations de travail d’une équipe soignante pour comprendre (et prendre en compte) les risques encourus par les patients en radiothérapie. L'introduction du deuxième article (Analyse des risques en radiothérapie Partie 2 : Des modes de défaillance aux modes de réussite, un changement de paradigme S. Thellier* Radioprotection Volume 54, Number 1, January-March 2019 ) résume la problématique et confronte la méthode classique (AMDEC) à une méthode proposée tenant compte de la complexité des processus impliqués dans la radiothérapie (EPECT).
. L'introduction du deuxième article (Analyse des risques en radiothérapie Partie 2 : Des modes de défaillance aux modes de réussite, un changement de paradigme S. Thellier* Radioprotection Volume 54, Number 1, January-March 2019 ) résume la problématique et confronte la méthode classique (AMDEC)) à une méthode proposée tenant compte de la complexité des processus impliqués dans la radiothérapie (EPECT)



"La première partie de ce travail, consacrée à l’analyse des risques en radiothérapie et publiée dans ce même numéro de la revue Radioprotection (Thellier, 2019), porte sur les forces et les faiblesses de la méthode AMDEC présentée par l’ASN dans son guide no 4 (ASN, 2008) et de son utilisation par les trois centres de radiothérapie étudiés. Pour rappel, le premier article s’est intéressé à l’inadaptation des principes méthodologiques de l’AMDEC pour analyser les risques d’un système sociotechnique complexe et humain tel que la radiothérapie. Cinq problèmes méthodologiques avaient été identifiés :

premièrement, les principes méthodologiques de décomposition en étapes du processus de soin et d’approche par fonction génèrent des difficultés pour contextualiser les modes de défaillance. C’est essentiellement le travail prescrit qui est discuté à chaque étape du soin ;

deuxièmement, le principe d’analyse des risques à partir des modes de défaillance humaine permet peu de faire le lien entre la situation de travail ayant favorisé l’erreur humaine et celle qui serait potentiellement risquée pour le patient. Les analystes parlent finalement peu des situations réelles de travail de l’équipe, ni des nombreuses régulations qu’elle mobilise au quotidien pour faire face à la complexité du travail ;

troisièmement, cette recherche confirme que le principe d’usage exclusif de la relation de causalité favorise une compréhension partielle du mode de défaillance. L’analyse est locale et peine à questionner les acteurs indirectement impliqués, ainsi que l’organisation du travail ;

quatrièmement, les erreurs d’évaluation des risques ne proviennent pas uniquement des erreurs commises dans le maniement des probabilités. L’absence de bases de données sur les modes de défaillance génère également des erreurs d’évaluation (sous-évaluation ou surévaluation des risques) ;

cinquièmement, les mesures définies sont généralement locales, rarement organisationnelles et la capacité de transformation de l’organisation (inapplicabilité de certaines mesures) et la sécurisation du processus de soin (vulnérabilité des mesures prescrites en situation réelle) sont limitées.


L’identification de ces difficultés méthodologiques a conduit cette auteure à concevoir de nouveaux principes fondateurs sur lesquels pourrvait reposer une analyse des risques médicaux : une contextualisation de l’analyse, une simplification de l’analyse qui permet de conserver une approche transversale, une analyse de l’organisation et une évaluation qualitative des situations risquées pour les patients. L’objectif de cette méthodologie est d’aider une équipe médicale à mieux comprendre le lien entre son travail quotidien et les risques encourus par les patients et à discuter des dimensions organisationnelles avec la ligne managériale. La seconde partie de ce travail, qui s’intéresse aux modes de réussite de l’équipe dans l’évaluation des risques en radiothérapie, est fondée sur la méthode des espaces de partage et d’exploration de la complexité du travail (EPECT) .

vient de paraître aussi sur ce sujet
L’analyse des risques d’un système sociotechnique complexe : le cas de la radiothérapie
S. Thellier∗, P. Le Tallec Cancer/Radiothérapie 23 (2019) 510–516
Cette page a été consultée 235 fois